Sur les vingt œuvres,qui célébraient les campagnes militaires menées par Louis XIIIet son cardinal, il n'en subsiste que douze.Trois sont exposées au château de Versailles. Les neuf autres,en auvais état, sont entre les mains d'une équipe de restaurateurs. Crédits photo : Le Figaro
Ces grandes toiles, qui ornaient le château du cardinal en Touraine, sont en cours de restauration. Elles seront enfin exposées ensemble au printemps 2011.
Peu à peu, sous la main minutieuse de Sarah Destrez, de petits mousquetaires réapparaissent. Son pinceau fin court sans hésitation d'un pilulier transformé en boîte à couleurs à la surface de la toile abîmée. À Versailles, cette restauratrice use ses beaux yeux à restaurer des tableaux anonymes couverts de milliers de soldats, endormis dans les réserves et devenus, au fil des ans, autant de puzzles lacunaires.
Est-ce le jeune d'Artagnan qu'on aperçoit au loin face aux troupes des Habsbourg d'Espagne et d'Autriche, dans cette immense vue à vol d'oiseau du combat du Pas de Suse peint quelque temps après 1629? Ce n'est pas impossible, estime Nicolas Milovanovic. Brillant érudit -il vient de cosigner l'excellente exposition «Louis XIV, l'homme et le roi»-, ce conservateur au château supervise depuis octobre une équipe de neuf spécialistes chargés de redonner tout son lustre à ce qui subsiste du programme iconographique de la Galerie des batailles du château de Richelieu (Indre-et-Loire). Un lieu légendaire, considéré comme l'un des plus beaux d'Europe, malheureusement entièrement détruit au XIXe siècle.
La galerie comportait vingt formats d'environ 3,30 m sur 2,60 chacun qui célébraient les campagnes militaires menées par Louis XIII et son cardinal, de 1627 à 1636. Ils servirent de modèle pour le Grand Condé à Chantilly, pour le duc de Lorraine à Lunéville et pour Louis XIV au réfectoire des Invalides et à Versailles. Sur ces vingt œuvres, douze existent toujours. Trois sont en bon état et sont présentées au château de Versailles depuis que Louis-Philippe y a créé un musée d'histoire de France. Les neuf autres, trop encombrantes, n'ont encore jamais été vues par le grand public. Dans les réserves du château, mal protégées, elles se sont délabrées.
Le départ en 2007 de la questure de l'Assemblée nationale et du Sénat ayant libéré les anciens appartements du comte de Provence dans l'aile du Midi, un atelier de belle hauteur de plafond et bien éclairé a pu y être aménagé. C'est ici que Le Siège de l'île de Ré, La Réduction de Nîmes, La Soumission de Montaubanou La Levée du siège de Casal sont actuellement nettoyés, complétés et rentoilés sur des châssis assainis.
L'opération, dont le coût dépasse les 377 millions d'euros, est financée par des mécènes comme le Crédit agricole et la Fondation du patrimoine, une souscription publique, le Musée des beaux-arts d'Orléans, celui de Tours et la ville de Richelieu. Ces trois dernières institutions ont prévu d'organiser en mars une triple exposition sur les décors et collections du cardinal acquis et commandés pour l'ornement de son château familial tourangeau, développé sur les plans de Jacques Lemercier en 1631.
Richesses d'Europe Y seront bien sûr montrés les neuf tableaux de batailles mais aussi quelques-unes des pièces les plus insignes du fonds de peintures, de sculptures, d'objets d'art et de mobilier qui forment aujourd'hui le cœur du patrimoine conservé au Louvre. Les prêts demandés sont ambitieux. À Richelieu, le cabinet du roi abritait les Mantegna, Pérugin et Lorenzo Costa provenant du studiolo d'Isabelle d'Este à Mantoue, ainsi que les Bacchanales de Poussin (qui sont aujourd'hui à la National Gallery de Londres et à Kansas City).
Quant aux antiques (deux cents statues et bustes environ) réunis pour occuper les niches des façades, ils constituaient l'une des toutes premières richesses d'Europe, avec notamment Les Esclaves de Michel-Ange. Après l'exposition, l'établissement public du château de Versailles demeurera propriétaire de ses neuf batailles restaurées mais il a accepté une mise en dépôt de longue durée dans les musées organisateurs de cette manifestation.
L'exposition «Richelieu à Richelieu» sera présentée simultanément par les Musées des beaux-arts d'Orléans et de Tours et la ville de Richelieu du 11 mars au 12 juin 2011. Informations : www.musees.regioncentre.fr
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